
Filières fruits à coque en Auvergne-Rhône-Alpes
La relocalisation en France de la production d’amandes, noisettes, pistaches et noix de pécan bio est-elle possible ?
Article extrait du magazine la Luciole 47 (Printemps 2025)
édité par le réseau FRAB – GAB AURA

Entre recul des dates de gelées et stress hydrique estival, les producteurs s’interrogent sur l’adaptation de leur système de production face aux changements climatiques. Avec une demande du marché en forte croissance, les fruits à coques sont-ils des productions adaptées aux enjeux des producteurs bio d’Auvergne-Rhône-Alpes ?
Des produits plébiscités par les consommateurs
Riches en nutriments et plébiscitées pour leurs bienfaits sur la santé, les amandes et noisettes bio séduisent un public large ! Elles sont reconnues pour apporter de la satiété, leur apport en protéines, leur indice glycémique bas et leur composition en acides gras insaturés. Nous les retrouvons dans une multitude de produits biologiques pour les sportifs, pour le petit-déjeuner, pour l’apéritif et de plus en plus dans les alternatives végétales ainsi que dans les produits cosmétiques.
En France : une production encore émergente mais en croissance
Si l’offre est riche et les innovations nombreuses, l’origine des matières premières est rarement française. La majorité des amandes et des noisettes est importée d’Espagne, d’Italie, de Turquie ou des Etats-Unis. Des initiatives locales émergent comme les amandes françaises de la marque « Pépite » ou encore les noisettes enrobées de la marque Escoute. Le prix reste cependant un frein majeur aujourd’hui avec des écarts importants entre la production française et les importations.
Enjeux techniques de production des fruits à coque
Amande
Produire des amandes bio en France reste complexe. L’amandier n’est pas une espèce facile à cultiver. Il est exigeant en eau, sensible au gel printanier et à des maladies et ravageurs comme le chancre à fusicoccum ou la guêpe de l’amandier qui sont difficiles à gérer en bio si la pression est trop forte, avec des pertes supérieures à 50 %. Le rendement se trouve donc limité, ce qui explique en partie un coût de production moyen plus élevé que les amandes d’importation. La recherche variétale manque et représente un vrai levier pour répondre aux difficultés actuelles.
Noisettes
La production de noisettes bio fait également face à des contraintes : sensibilité au gel et ravageurs (balanin, punaise diabolique) et une pleine production qui n’est atteinte qu’après six ans. La gestion des bioagresseurs sur cette production en bio représente un verrou technique important qui limite souvent la noisette a un atelier de diversification au sein de l’exploitation.
Pistaches
La pistache présente un potentiel intéressant car le pistachier est résistant à la chaleur, peu gourmand en eau et possède encore peu de ravageurs en France. Toutefois, il a des besoins importants en chaleur pour arriver à maturité et la structuration de la filière reste à faire.
Noix de Pécan
Du côté de la noix de pécan, la production est dans une phase d’expérimentation, les premiers essais de culture en France sont récents.
Les cultures de fruits à coques sont en hausse en France
Défis et opportunités
Face à la concurrence des produits importés, la production française présente à la fois des opportunités mais aussi des défis majeurs. Les obstacles techniques, tels que les risques de gel, la gestion de l’eau et la lutte contre les ravageurs, compliquent l’approvisionnement régulier et compétitif en amandes et noisettes biologiques. La pistache semble être une culture prometteuse. La noix de pécan demeure au stade expérimental. La dynamique est lancée mais des efforts restent nécessaires pour faire émerger une véritable filière française de fruits à coque bio.

Rédaction
Myriam Desanlis, chargée de mission FRAB AURA
15 mai 2025