Chiffres 2024 de la bio en AuRA

Décryptage des chiffres très attendus de la bio en AuRA en 2024

La région AuRA, 3ème région de France en nombre de fermes et en surfaces biologiques 

La région Auvergne-Rhône-Alpes confirme sa position de troisième région française en agriculture biologique en 2024 que ce soit en matière de surface agricole utile (SAU) bio ou en nombre de fermes certifiées.

Avec 309 186 hectares engagés en bio (dont 280 569 ha certifiés et 28 617 ha en conversion), la SAU bio représente 10,8% de la SAU régionale. Malgré une légère baisse de 1 628 ha par rapport à 2023 (-0,52%), la région reste bien positionnée à l’échelle nationale. Les surfaces fourragères bio, dominantes dans ce territoire d’élevage, augmentent et atteignent 74% des surfaces bio (soit 227 366 ha), loin devant les grandes cultures (15%) et la viticulture (4%).

Sur le plan humain, 8 403 fermes sont certifiées bio en AuRA soit 16,6% des exploitations régionales (17,3% en 2023). Plus des trois quarts de ces fermes sont exclusivement bio tandis qu’un quart combine des pratiques biologiques et conventionnelles. Les productions les plus représentées en nombre de fermes sont les légumes (17% soit 1 387 fermes) suivis des fruits (14%) et de la viticulture (13%). Ainsi, si la majorité des surfaces bio est dédiée à l’élevage via les fourrages, le nombre de fermes bio est porté par des productions plus diversifiées notamment le maraîchage, l’arboriculture et la viticulture, souvent sur des exploitations de taille plus réduite. Cette dualité reflète à la fois la structure agricole régionale et les dynamiques différenciées selon les filières.

Un nombre de nouvelles fermes bio en baisse depuis 2020 mais stimulé par les installations

En 2024, 492 nouvelles fermes se sont engagées en agriculture biologique. Après avoir connu une forte hausse depuis 2014, le nombre de nouvelles fermes bio baisse depuis 2020. Parmi elles, ⅔ sont des installations, confirmant une tendance observée depuis plusieurs années : la croissance de l’AB se fait désormais davantage par les installations que par les conversions. Les filières biologiques attirant le plus de nouveaux engagements sont les légumes (+ 81 fermes par rapport à 2023), les surfaces fourragères (+79) et les fruits (+51).

Un nombre de décertifications préoccupant

En parallèle, le nombre d’arrêts progresse atteignant 453 fermes en 2024 (360 en 2023 soit +26%). Cette hausse est particulièrement importante pour la viticulture (+67,6%) impactée par les conditions climatiques défavorables de cette année 2024 particulièrement humide. Par ailleurs, les arrêts augmentent pour les grandes cultures (+65,7%) et les plantes à parfum, aromatiques et médicinales dites PPAM(+52%) confrontées à un manque de débouchés économiques et une saturation du marché bio.

Parmi ces arrêts, 52 % sont dus à des décertifications (c’est-à-dire un arrêt du label AB et une poursuite de l’activité agricole) affectant particulièrement les fermes ayant pour production principale la viticulture (34 décertifications), les grandes cultures (30) et les légumes (29). Au global, le taux de décertification est en légère hausse (2.8% en 2024 contre 2,3% en 2023) mais reste inférieur à l’échelle nationale (3.3%).

Au global, le taux de décertification est en légère hausse, 2,8% en 2024 contre 2,3% en 2023, mais reste inférieur au 3,3% observés à l’échelle nationale (le taux de décertification est le rapport entre le nombre de décertifications recensées en 2024 et le nombre d’exploitations bio de l’année précédente).

Un solde positif avec des dynamiques différentes selon les départements

Malgré les difficultés, le nombre de nouvelles fermes engagées en bio dépasse celui des arrêts (+57 fermes par rapport à 2023), traduisant une légère croissance nette de +0,68% en 2024. Cette progression qui s’observe depuis 2007 dans la région AuRA, reste plus faible que l’année précédente (+2,5% en 2023) et qu’à l’échelle nationale (+1,1%).

Au niveau des filières, la perte globale est importante pour les grandes cultures (-68 fermes) et l’élevage laitier (-40 fermes). La filière lait est en effet marquée par un nombre de nouvelles fermes quasiment nul qui ne permettent pas de compenser les arrêts.

Enfin, la dynamique est positive dans la majorité des départements de la région mais reste hétérogène : l’Ardèche recense la plus forte augmentation (+4,2%) quand la Drôme et le Rhône voient leur nombre de fermes bio diminuer (-1,5%).

Des filières qui reprennent leur souffle en travaillant sur leurs débouchés

L’année 2024 a été marquée par des aléas climatiques (gel, canicule tardive, excès d’eau) et une humidité importante qui a engendré une forte pression sanitaire et aggravé la fragilité des fermes (notamment maraîchères, viticoles et fruitières). Pour les filières d’élevage, la fièvre catarrhale ovine a impacté les cheptels et le moral des éleveurs.

Le marché bio reste sous tension : des circuits longs fragilisés, une différence de prix entre bio et conventionnel souvent trop faible engendrant le déclassement des produits bio, des marchés saturés (PPAM et grandes cultures) ou encore trop peu rémunérateurs (fruits, lait, viande). 

Les exploitations valorisant leurs productions en circuits courts sont plus résilientes : +3% des ventes (en valeur d’achat) pour la vente directe entre le premier semestre 2024 et l’année 2023, contre -5% en GMS. 

Les débouchés restent à consolider et à diversifier notamment pour les filières complexes comme l’élevage ou pour les nouveaux installés pouvant avoir des difficultés à s’insérer sur le marché. 

Certaines filières résistent grâce à des initiatives territoriales qui structurent le marché localement (apiculture, châtaignes, pain, PPAM et lait en circuits courts).

Rédaction
Emmanuelle Virey, chargée de mission observatoire régional de l’AB
30 juin 2025